Encore aujourd’hui, l’Afrique est un grand malade à soigner. Des disparités accablantes ne cessent de se creuser entre l’Afrique et les continents les plus développés sur le plan de la santé.

En effet, l’OMS affirme que l’espérance de vie est en moyenne ? inférieure de 15 ans à la moyenne mondiale. Aussi, elle atteste que les dépenses de santé sont 15 fois plus faibles que cette même moyenne. Encore trop peu de pays Africains disposent de systèmes de santé convenables pour tous. Les gouvernements n’allouent que très peu de budget à ce secteur contrairement aux engagements signés lors des différents rassemblements africains (Lomé, Cotonou, Abuja…). Face à ce constat, quelles solutions apportées aux peuples Africains ?

L’innovation au cœur de la santé

L’Afrique semble, pourtant décidée à avancer pas à pas vers une médecine innovante, assistée par les différentes technologies de l’intelligence artificielle. Depuis quelques années déjà, l’Afrique met au point de plus en plus d’innovations médicales, low-cost, visant à résoudre les faiblesses africaines en la matière. « Prenons l’exemple de Technovera, inventée par Neo Hutiri, un système automatisé de distribution de médicaments ayant pour principal but la réduction du temps d’attente à l’hôpital pour les malades » propose Hassan Hachem, architecte dirigeant de plusieurs entreprises en Afrique, notamment dans le domaine de la santé. Avec ce système, en quelques minutes seulement, le patient peut récupérer à l’aide de sa prescription et de Technovera, l’ensemble de ses médicaments. En plus de gagner du temps, cette innovation permet aux hôpitaux de gagner de l’argent en réduisant considérablement les coûts et permet aux personnels hospitaliers de se consacrer plus efficacement aux autres patients malades. De simples innovations comme celle-là, « mettent clairement en lumière les opportunités possibles dans la médecine Africaine et donnent de bonnes pistes de réflexions afin de réduire les disparités médicales » soutient Hassan Hachem.

D’autres exemples concrets existent comme le « Sinapi Biomedical », un dispositif Sud-Africain mis en place afin de drainer plus facilement les fluides issus d’hématomes et autres traumatismes au niveau de la poitrine. Cet outil, non seulement augmente l’efficacité et réduit les coûts, il crée aussi plus de 100 emplois en Afrique du Sud. C'est clairement avec ce type d'approche que l'Afrique améliorera la qualité de son offre de santé, indique Hassan Hachem. Il existe une pléthore d’instruments et de procédés technologiques mis en place en Afrique chaque année qui allège le fardeau Africain. Ces derniers montrent récemment un décollage de l’innovation médicale en Afrique qui occupe de plus en plus une place prépondérante dans le paysage médical mais aussi économique du continent.

Le continent africain connaît réellement une réelle transition. Toutefois, cette dernière dépend en grande partie des investissements économiques et sociales des pays, nécessaire pour influer sur le système de santé publique dans les années à venir.

La médecine Africaine : vers une révolution ?

A l’aube de l’émergence des intelligences artificielles, beaucoup d’experts parlent de « 4ème révolution industrielle ». Cette dernière peut-elle totalement faire peau neuve au visage de la médecine Africaine ? De multiples opportunités technologiques existent en Afrique : grâce aux innovations et aux technologies, une meilleure information et une médecine personnalisée est désormais rendue possible pour le peuple Africain. Le développement et la vulgarisation des innovations médicales sont aujourd’hui possibles sur ce continent, où près de la moitié de la population utilise des services mobiles. Pour rappel, l’Afrique représente le second marché mobile du monde, en plus d’être un des continents les plus jeunes, ce qui revêt une réelle importance

On retrouve une nouvelle fois le mobile au cœur de l’innovation médicale, prenons par exemple, au Mali beaucoup de spécialistes (dermatologues, ophtalmologues, cardiologues…) manquent. En effet, on dénombre seulement 15 dermatologues pour tout le pays, rendant quasiment impossible la consultation auprès de spécialistes qualifiés. C’est pourquoi, plusieurs associations Africaines se sont battues pour la mise en place de la première plateforme de télémédecine. De cette manière, le patient soumet une vidéo ou des photos de ses symptômes dermatologiques, un docteur proposera ensuite un diagnostic. Ce n’est pas tout, l’E-santé ne cesse de se développer chaque année en France. On voit en 2017, l’émergence d’une application mobile qui a permis d’atteindre une couverture en termes de vaccinations de quasiment 90% en Côte d’Ivoire. L’entrepreneur Noël N’Drin met au point le premier carnet de vaccination électronique qui dénombre aujourd’hui plus de 700 000 utilisateurs. Ce qui suscite l'admiration de personnalités comme Hassan Hachem.

En résumé, les avancées récurrentes vers l’e-santé sont encourageantes via des applications ou des plateformes convaincantes et massivement relayées en Afrique (mise en réseau de donneurs de sang avec les centres de transfusion via SMS, applications pédagogiques qui visent à baisser la mortalité infantile…), certaines idées sont ingénieuses et peu coûteuses et facilement communicables via le fort effet de réseaux présents en Afrique. Il existe des exemples de projet de télémédecine de moins de 50 000€ au total qui permettent de servir aujourd’hui des milliers d’utilisateurs.

Les conséquences économiques pour l’Afrique

Une nouvelle ère d'innovation et de développement en science et technologie en Afrique se profile à travers tout le continent.. Les impacts sur l’économie sont alors multiples, améliorant les résultats en matière de santé, ces avancées stimulent donc directement le développement économique du pays, et permettent normalement à long terme de réduire les disparités économiques. C'est la raison pour laquelle, j’ai été attentif aux décisions annoncées durant le Forum Economique Mondial (WEF) sur l'Afrique en 2017 » indique Hassan Hachem. Cet évènement a réuni les leaders africains et internationaux les plus importants dans le but prendre des mesures en vue de stimuler, d’encourager de nouveaux partenariats et investissements afin d’accélérer le développement Africain permettant ainsi à l'Afrique de jouer un rôle mondial majeur dans le développement des technologies et des innovations de la santé. Il est intéressant de voir que l’innovation médicale semble être un sujet qui rassemble le peuple et les dirigeants Africains : serait-ce une future manne financière durable pour le continent ?

Un réel engouement Africain pour l’innovation médicale semble donc se développer ces dernières années. On le voit à travers des évènements comme « le prix pour l’innovation » organisé par la Fondation de l’Innovation Africaine. Ce prix vise à aider les Africains à promouvoir des solutions locales pour la prospérité du continent. On dénombre sur le continent des investissements en hausses de la part d'investisseurs privés, de mécènes ou de fonds financiers convaincus de la rentabilité et des bénéfices futurs de ces innovations médicales locales.

Toutefois, il reste important de ne pas occulter les nombreux défis Africains présents et à venir. En effet, dans de nombreux pays africains, la recherche et développement en santé dépend encore largement des investissements des pays donateurs, bien souvent Européens. Malgré une augmentation notable des dépenses intérieures dans divers pays, de récents rapports montrent que ces dernières dépendent encore beaucoup trop des sources étrangères. On peut alors noter que dans certains pays la part de R&D financée par les pays extérieurs représente : 57% en Ouganda, 47% au Kenya et 42% % en Tanzanie, 27% en Guinée Equatoriale.

Pour terminer, l’Afrique regorge d’atouts : une population jeune, motivée et créative. Ce continent semble disposer de tous les ingrédients clés pour façonner son destin. Les organismes gouvernementaux nationaux et régionaux, les entreprises, les ONG et associations et les institutions de recherche et d'enseignement ont un rôle crucial dans le développement Africain. Il faut alors encourager tous les acteurs à unir leurs forces pour libérer le potentiel innovant de l’Afrique qui pourrait bien ouvrir la voie à un avenir sain et prospère pour l'Afrique.

Concrètement de quoi parlons-nous au quotidien de la santé aujourd’hui ?

Voici deux exemples concrets de deux pays africains représentatifs du continent : la structure du système de soins en Guinée Equatoriale et les conditions d’accès aux soins au Sénégal.

Le système de santé en Guinée Equatoriale

Introduction par un grand connaisseur de la Guinée Equatoriale Hassan Hachem. La Guinée Equatoriale est un pays hispanophone situé au large des côtes d'Afrique centrale. Comme de nombreux pays en développement, la Guinée équatoriale continue à travailler pour réduire les taux de pauvreté et améliorer la qualité de vie de ses citoyens.

Dans le cadre des efforts déployés pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) des Nations unies, l'accent a été mis sur l'amélioration de la santé des femmes en Guinée équatoriale. Une grande importance a été accordée à la réduction de la mortalité maternelle en renforçant les infrastructures de santé et en augmentant le personnel de santé.

Mortalité maternelle en Guinée Equatoriale

La mortalité maternelle désigne le nombre de femmes qui meurent chaque année de causes liées à la grossesse, à l'accouchement et/ou à la période qui suit l'accouchement ou l'interruption de la grossesse. La cible de l'OMD 5 pour la santé maternelle était de réduire le taux de mortalité maternelle des trois quarts entre 1990 et 2015 et de parvenir à un accès universel à la santé reproductive.

Cela se traduit par un taux de mortalité maternelle inférieur à 75 décès pour 100 000 naissances vivantes. Pour atteindre l'objectif des OMD et améliorer la santé des femmes en Guinée équatoriale, le pays devait améliorer l'accès aux services de planification familiale, encourager la mise en place de soins prénataux cohérents et de structures sanitaires de qualité avec des travailleurs formés.

Infrastructure des soins de santé Guinée Equatoriale

En 1992, le ministère de la santé de Guinée Equatoriale a créé le Plan d'action national pour les femmes et les enfants afin d'améliorer l'accès aux services de planning familial, aux soins prénataux et à l'accouchement par du personnel qualifié. Un élément clé de ce plan comprenait le renforcement de l'infrastructure des soins de santé en établissant un système de polycliniques, d'hôpitaux régionaux, provinciaux et de district. Cela a permis d'introduire des soins accessibles dans tout le pays, en particulier dans les régions vulnérables.

Le ministère de la santé de Guinée Equatoriale a également mis en place un ensemble de directives et de règlements pour ces nouveaux établissements afin d'améliorer la qualité des soins que les patients reçoivent. Des campagnes d'éducation à la santé publique ont ensuite été utilisées pour mieux faire connaître les services de santé et pour encourager les femmes à y accéder. Ces efforts ont permis d'augmenter le nombre de femmes conscientes de l'importance et des avantages des soins prénataux. En fait, les femmes étaient beaucoup plus susceptibles de se présenter aux rendez-vous et d'y aller plus tôt dans leur grossesse lorsqu'elles avaient reçu une éducation prénatale dès le début.

Le personnel de santé de Guinée Equatoriale

En 2008, afin de garantir que les femmes reçoivent des soins de qualité, la Fondation pour le développement des soins infirmiers (FUDEN) a été créée par le ministère de la santé pour recruter et former des infirmières et des sages-femmes. Au cours de ses cinq premières années d'existence, la FUDEN a formé avec succès 153 nouvelles infirmières et sages-femmes. L'accent étant mis sur le développement du personnel de santé, une partie des objectifs du ministère de la santé est de s'assurer que chaque village du pays dispose d'au moins une sage-femme formée.

L'introduction d'agents de santé formés a permis d'améliorer directement la santé des femmes en Guinée équatoriale. Le pourcentage d'accouchements assistés par un agent de santé qualifié est passé de 5 % en 1994 à 65 % en 2000. Le nombre de femmes ayant reçu des soins prénataux a également augmenté, passant de 37 % à 91 % entre 1994 et 2011.

Fixer les objectifs pour 2020

Grâce à l'amélioration de l'accès aux installations et à la formation du personnel de santé, la santé des femmes s'est beaucoup améliorée en Guinée équatoriale. Le pays a réussi à atteindre l'OMD 5 avec une réduction de 81 % des décès maternels. Alors que la Guinée équatoriale cherche à atteindre les objectifs d'Horizon 2020, l'accent continuera d'être mis sur l'amélioration de la mortalité maternelle et de la santé des femmes.

Le ministère de la santé de Guinée Equatoriale a élaboré des plans visant à mettre en œuvre une politique nationale de santé génésique et à utiliser une stratégie "Atteindre chaque district" pour s'assurer que toutes les régions disposent des mêmes ressources pour améliorer la santé de tous les citoyens. Il est à espérer que ces plans tireront parti du succès de l'OMD et continueront à améliorer la santé des femmes en Guinée équatoriale.

Se faire soigner au Sénégal

Il existe deux types de régimes d'assurance maladie dans des pays comme le Sénégal : un régime public et un régime privé.

Le système de santé publique

Le Sénégal dispose d'un système de sécurité sociale, mais il ne couvre ni la santé ni le chômage. Pour les travailleurs, les soins de santé sont couverts par la caisse de santé de l'IPM (Institut de Prévoyance Maladie), gérée par une ou plusieurs entreprises. Les autres doivent recourir à l'assistance sociale avertit Hassan Hachem.

Si vous avez un emploi :

Selon les dispositions du code du travail, l'inscription est organisée par l'employeur pour le salarié et sa famille. La seule condition est que le salarié ait cotisé pendant au moins deux mois avant de pouvoir prétendre à des prestations de santé.

Ces prestations sont gérées par une caisse de santé choisie parmi elles :

les caisses de santé,

l'assurance privée,

les centres de protection de la mère et de l'enfant.

En plus de la couverture santé fournie par ces fonds, le salarié hospitalisé a droit à

au versement d'une caution : si la durée de cotisation n'est pas suffisante pour donner droit aux prestations de la caisse de santé, l'entreprise se porte garante du salarié et s'engage à payer ses frais médicaux à l'hôpital. Cela permet à l'employé de recevoir un traitement et de rembourser l'employeur au cours des mois suivant l'hospitalisation.

une indemnité d'hospitalisation : le salarié reçoit une (petite) indemnité par jour d'hospitalisation.

Si vous n'êtes pas employé :

L'aide sociale fournit à l'ensemble de la population des soins de santé primaires. Dans ce pays, le système est organisé selon une structure pyramidale :

au niveau local et communautaire

au niveau intermédiaire : les centres de santé

au niveau régional : les centres de santé spécialisés

au niveau national : hôpitaux, services et instituts nationaux

Quelle est la couverture offerte par l'IPM ?

Le fonds couvre 40 à 80 % des frais médicaux, pharmaceutiques et hospitaliers.

En outre, pendant la période de maladie, l'employeur verse des prestations en fonction de l'ancienneté.

Les soins primaires dispensés dans les centres de soins médicaux concernent principalement les soins préventifs (vaccinations), l'hospitalisation et les traitements d'urgence.

Combien coûtent les soins de santé au Sénégal ?

Les cotisations à la caisse de santé sont réparties à parts égales entre l'employé et l'employeur. Le taux est de 3 % du salaire jusqu'à un maximum de 60 000 francs CFA, ce qui est une bonne offre pour les expatriés précise Hassan Hachem.

Ce que vous devez faire :

En principe, aucune action n'est requise de votre part. Il incombe à votre employeur de vous inscrire à la caisse de santé appropriée.

Compte tenu du nombre d'employés au Sénégal, nous comprenons que seule une petite partie de la population dispose d'une couverture santé efficace.

Le système de santé privé

Ce système est utile pour les indépendants qui souhaitent bénéficier d'une couverture santé allant au-delà des soins primaires. Le travailleur souscrit donc une assurance privée qui lui assure une couverture santé complète et rembourse intégralement tous les types de soins.